Entraînements de Valse

Je suis tellement excitée que j'ai du mal à rester en place. Assise sur mon siège de bus, les autres passagers regardant d'un oeil intrigué mes habits d'équitation, j'attends l'arrêt qui me déposera au centre équestre pour aller monter ma nouvelle découverte, un étalon vu sur une foire et dont je suis tombée folle amoureuse. Je ne l'ai même pas vu monté ; il sautait, avec juste une bride et un numéro, le 14. Et, bon dieu, son coup de saut m'a coupé le souffle. Mon porte-feuille me fait la gueule, mais moi j'ai un grand sourire. Et un sale gamin derrière moi qui me renifle. Oh, c'est bon, il sont propres, mes habits ! Sale gosse, va !

Une fois arrivée dans les écuries, je fais une rapide caresse à Alice, qui, comme d'habitude, en redemande, et m'aventure près du box de mon nouveau cheval, Tyrion. Quel nom ! c'est celui du frère de la reine régente, Cersei, dans Game Of Thrones ; c'est aussi mon personnage préféré. A ce point-là, ce n'est plus de la chance, c'est de la prédestination ! Il me regarde, oreilles en avant. Comme dans mes souvenirs : grand, blanc, beau et musclé. Il vient me voir. Quel changement, entre mon Alice qui me saute presque dessus pour avoir des câlins et ce grand Sieur qui attends paisiblement mon premier mouvements !

Je le panse et lui met sa selle et son filet. Je sors du box pour mettre mes gants et ma bombe, laissant la porte ouverte. Et le voilà dehors. Monsieur m'attends, me suit, tout simplement ! Je l'emmène au manège, curieuse de voir jusqu'où va son éducation. Quel bonne surprise : il me suit pendant tout le trajet sans broncher ! Je grimpe dessus et le met au pas d'un claquement de langue. Je l'échauffe au trois allures. Son trot est ample et sautillant, et mon bassin se cale à la perfection dans son galop calme et calibré. Il cède très facilement à ma main et vient se poser dessus. Il connaît son travail et n'hésite pas. Il me suffit de regarder quelque part et le voilà partit pour cette destination. Nous travaillons tout les deux comme si un lien mental nous unissait. Il me semble qu'il sait ce que je vais lui demander avant que j'y pense moi-même.

Je commence à lui faire passer une ligne de 5 barres au sol au galop. Il lève légèrement ses membres, sans perdre ni vitesse ni équilibre. Bien, ça veut dire qu'il respecte les barres. Je commence à lui faire sauter une petite croix. Il démontre un excellent coup de saut. A l'abord, son galop est constant. J'augmente progressivement la hauteur de mes barres, jusqu'à arriver à du 60 centimètres. Il reste toujours aussi calme. Je change ses foulées, lui demandant, parfois de les allonger, parfois de les rétrécir. Ce sera notre exercice d'aujourd'hui.

J'installe donc une ligne avec un oxer, un vertical, et un oxer en dernier. Bien que les distances entre les obstacles soient différentes (le premier oxer est plus proche du vertical que le dernier), il doit y caler 2 foulées, pas plus. Je dois donc lui faire augmenter ses foulées pour aborder le premier oxer, puis lui faire rétrécir rapidement pour le vertical, et lui redemander de grandes foulées pour la fin. La première fois, le cheval semble se confier à moi ; il découvre l'exercice, et retape une toute petite foulée avant le vertical. Il a peut-être un peu de mal à revenir.

Pour lui faire travailler cela, je lui fait faire une transition galop/pas et pas/galop. Il s'arrête vite, mais trotte une foulée. Je recommence. Cette fois, Tyrion était prêt, et il repasse au pas sans problèmes. Je retourne donc sur ma ligne, avec un cheval connaissant déjà l'exercice. Cette fois, il cale bien ses foulées, hourra ! J'augmente donc les hauteurs jusqu'à arriver sur du 80 - 90 cm. Je ne veux pas trop le pousser pour une première fois ; après tout, 7 ans, ce n'est quand même pas si vieux, et il lui faudra de l'exercice pour se muscler plus !

Je décide de l'emmener pour une petite ballade. Il semble apprécier, mais comment dire ? Il ne montre pas vraiment ses émotions. Il se contente de renifler la brise qui lui soulève la crinière et de regarder partout. Sur le chemin du retour, un léger crachin nous tombe dessus. En vrai Irlandais, Tyrion est habitué aux changements brusques de temps, et ne réagit pas. Mais en me retournant, je vois un gros nuage noir, synonyme d'orage, nous foncer dessus. Je lance mon cheval au triple galop, peu désireuse de me prendre une douche froide. Il se permet de décocher un petit coup de cul : la vitesse lui plaît.

De retour au box, je sèche le crachin et la sueur avec de la paille, puis lui donne sa ration de foin. Pendant qu'il mange, je nettoie son boxe et remet de la paille fraîche. Une fois sûre que son corps est sec, je lui remet une couverture empruntée au club, puis lui donne sa ration de granulés et laisse se Sir d'Irlande manger en paix.